DYGITALS – Avé …

DYGITALS – Avé …

CD 2012 – BRENNUS

Dygitals Ave

ENFIN ! C’est la première chose qui m’est venu à l’esprit avec la sortie de ce premier album de DYGITALS …

« DIGY .. QUOI !! »

Aaaaaah ! Je te sens interloqué jeune Padawan, sache qu’il fut un temps lointain, avant que l’empereur n’asservisse les masses avec l’étoile noire de la télé-réalité et les fessesdebouc troopers, où une peuplade sauvage appelée Hardausse se déplaçait dans des salles voir des groupes en vrai, qui jouaient directement devant eux …

« Ok maitre Troyan, comme au BIGFEST ? »

Nooooooon ! Pas des grands machins avec 36 scènes, 400 groupes qui jouent 30 mn vite fait devant 30000 mecs bourrés. Des salles à l’échelle humaine, où il n’est pas nécessaire d’avoir un écran géant pour différencier la femme de ménage du guitariste.

« Ok, comme au PASSLEFRIC alors ! »

Tu veux une baffe, petit scarabée ! Je t’ai dit UNE SALLE, un vrai endroit avec un vrai son, pas un repère de bouffons apprenti rebelles ! Des salles, pas des rades ! A l’époque les groupes jouaient dans des salles municipales appelées M.J.C. et portaient la bonne parole dans les banlieues les plus reculées

« Pas dans le 9.3 quand même ? »

‘tain le boulet ! Bien sûr que si, dans le 9.3 aussi et certains de ces groupes s’y faisaient même une bonne fan base.

« Ok !! et du coup ils faisaient des disques ! »

Euuuuhhhh ! Bin justement, non ! À l’époque faire un disque coûtait très cher et les groupes devaient trouver une maison de disque qui accepte de les produire, et c’est la qu’était le problème.

Avec tes questions à deux balles tu m’as fait perdre le fil, Padawan. Ah si, ça me revient …

… ENFIN ! DYGITALS, un des espoirs remarqué, et remarquable, du milieu des années 80 sort son premier véritable album.

Au fil du temps, les musiciens du groupe ont évolué, suivi des directions artistiques très variés, parfois surprenantes, qui ont contribué à forger une véritable identité musicale qui s’exprime ici au travers de 12 titres se jouant des étiquettes et des querelles de style stériles.

Tout au long du CD, puissance et mélodies sont impeccablement dosées pour servir des compositions taillées pour la scène qui restent en tête. Tout est parfaitement en place, chaque titre possède son lot de rebondissements qui permettent à chaque nouvelle écoute de redécouvrir un détail, un élément même minime, qui fait que l’album peut être écouté et réécouté sans se lasser.

Outre les excellents « Stars of life » et « Believe in Rock n’ Roll », déjà connus des afficionados, ce « Avé … » regorge de pépites tel que « green man », « reason to live », « play with me » ou « killing machine » … en fait je pourrais citer n’importe lequel des titres de l’album tellement les influences et styles sont variés. La signature vocale d’Hervé s’est affirmé avec le temps et, si le timbre qui portait les titres heavy/speed francophone des débuts de DYGITALS est toujours présent, il s’est enrichi d’un grain qui n’est pas sans rappeler à certains moments celui d’un Dan MAC CAFFERTY ou d’un Marc STORACE. Coté instruments, le duo basse/batterie formé par Jack et Alain est parfaitement rodé et fourni à David une solide base pour développer, au travers de son jeu de guitares, l’univers musical de DYGITALS.

Un album excellent à qui je ne reprocherais que deux choses. Le choix de l’utilisation systématique de l’anglais, dommage quand on a connu la période francophone du groupe, dont témoigne en bonus track leur standard « Avé César » (Hervé soit sympa, je veux entendre « Maniac » sur le prochain album;-)). Le mixage, qui dessert le chant en « gommant » certaines des fréquences basses de la voix qui perd en profondeur.

Malgré ces légers bémols, « Avé … » est un album à posséder, révélant un groupe à l’identité marquée qui emprunte mélodie et technicité aux périodes plus récentes de sa carrière tout en restituant l’énergie brute qui émanait du DYGITALS de 1984.