ROZZ – D’un siècle à l’autre

2010 – BRENNUS
Un tic-tac sur fond d’ensemble à cordes et de chœurs trace une trame de fond sur laquelle vient se poser, de façon quelque peu théâtrale, la voix de Jean Pierre MAURO. Choix surprenant de prime abord mais qui par contraste rend plus efficace l’entrée en puissance des musicien, renforcée par une orchestration qui n’est pas sans rappeler les ambiances musicales de Danny ELFMAN illustrant les œuvres de Tim BURTON (notamment ces notes de piano en arrière plan).
Le cimetière des fous entretient la surprise par un coté décalé où le couplet « scandé » s’oppose à un refrain qui reste bien en tête. Un tel titre doit certainement gagner en intensité en live mais le couplet souffre de certaines faussetés apparentes sur les fins de phrases qui gènent sur un enregistrement studio.
« La cour sans miracle » vient heureusement présenter une autre facette de la voix de Jean-Pierre avec un chant plus posé, plus précis. L’intro me rappelle l’esprit de certains breaks des WINGS, le résultat est très efficace.
Les titres s’enchainent et ne se ressemblent pas, avec toujours cette volonté de jouer avec les effets sonores et les arrangements. On peut saluer la variété des titres et des thèmes abordés, la propreté de la production, la recherche dans les ambiances sonores, le soin apporté à certains textes, … autant d’éléments dans lesquels chaque Metalleux devrait pouvoir trouver son bonheur.
En ce qui me concerne, je retiendrais particulièrement « La cour sans miracle », « Nocturne », « Au bout de ta vie » pour le sujet abordé, le travail en chant clair et la feeling général du titre, « Les titans » ou « cavale ». En revanche je ne suis que peu sensible au leitmotiv de « Fan », aux guitares « façon breaking the law » d’« A toute vitesse » et au refrain des « Seigneurs de la guerre ».
Le point le plus sujet à controverse se trouve, comme toujours avec ROZZ, au niveau du chant lead. En effet, Jean Pierre MAURO n’est pas un chanteur « technique » et ses lignes de chant manquent parfois de précision.
En revanche, c’est un front man accompli qui a su imposer une authentique signature vocale indissociable de l’identité de ROZZ. Jean Pierre possède un grain très personnel, inhabituel dans le Metal français, qu’il assume parfaitement et utilise pour faire vivre ses textes. Il n’hésite pas sur cet album à prendre des risques en dévoilant une palette plus étendue que sur « Une autre vie » et « 2009 », ajoutant au style « récitatif » habituel des mélodies de chant plus élaborées et un boulot d’interprète qui ne peut que payer à long terme.
Vous l’avez compris, bien que n’étant pas toujours « fan » des options artistiques choisies par ROZZ, je ne regrette pas mon achat. « D’un siècle à l’autre » est un bon album, sincère, avec des prises de risque, un livret de 16 pages bien réalisé (malgré l’absence du texte de « sans pitié »), des titres qui ne se dévoilent parfois qu’après un certain nombre d’écoutes, des parties instrumentales intéressantes, un grain de voix étonnant, parfois dérangeant, qui sait se charger d’émotion … un tout qui donne envie de voir cet opus suivi par bien d’autres.
TRACK LIST
01 – D’un siècle à l’autre (2:16)
02 – le cimetière des fous (3:23)
03 – La cour sans miracle (4:16)
04 – Peine perdue (4:11)
05 – Nocturne (4:29)
06 – Au bout de ta vie (4:57)
07 – A toute vitesse (3:58)
08 – Sans pitié (3:59)
09 – Wendigo (4:43)
10 – Les Titans (5:26)
11 – Les Seigneurs de guerre (3:52)
12 – De guerre lasse (4:50)
13 – Fan (3:48)
14 – Cavale (2:52)
15 – Tu… (3:51)
16 – In cauda aurum (2:16)
LINE UP
Jean-Pierre MAURO : Chant
Marcel XIMENES : Guitares
Gregoire DAMPERONT : Guitares
Nicolas DELEHAYE : Basse
Olivier OBLED : batterie